Itinéraire parcouru en rouge
Nous quittons à nouveau l'Argentine pour quelques jours, la suite se passera au Chili:
Nous voici à Chile Chico, jolie agglomération, maisonnettes colorées, jardinets fleuris, rues en bon état. Par contre, encore une fois, au supermarché, nous trouvons les rayons de nourriture peu chargés, des pâtes à profusion, mais d’une seule marque, peu de légumes en conserve, beaucoup de chips, gâteaux gras. Pour les produits frais, il faut chercher ailleurs, ici les fruits et légumes sont fanés, la viande misérable. Nous achetons des fruits à un marchand sur le trottoir. Nous finissons la journée au camping Lo De Ale, lieu très mignon, avec de petites tables posées dans la pelouse, des cerisiers et entouré de grands peupliers qui coupent le vent.
Enfin nous nous dirigeons vers le grand lac qui se nomme lac Buenos Aires en Argentine et General Carrera au Chili. La première vue est magnifique, eau outremer ourlée de vagues blanches avec en arrière plan des montagnes enneigées. Et oui, encore une fois le vent souffle très fort ! Nous traversons Los Antiguos, ville réputée pour ses cerises (elle en fait sa devise) ; nous cherchons les cerisiers et en découvrons quelques uns, bien à l’abri derrière de grandes haies de peupliers. Malheureusement, les fruits sont encore verts. Pas de regret, nous n’aurions pas pu en acheter car nous nous dirigeons vers la frontière chilienne et les produits frais n’ont pas le droit de transiter. 12h30, nous sortons d’Argentine, 13h nous entrons au Chili, la fouille n’a pas été très longue.
Puis c’est à nouveau la pampa plate et monotone jusqu’à l’apparition de la ville de Perito Moreno : quelques toits de tôle qui brillent au soleil, des peupliers courbés par le vent. On imagine sans peine le soulagement des voyageurs du passé lorsqu’ils atteignaient ce lieu après des kilomètres de piste. A l’intérieur de cette ville, quelques maisons semblent plus anciennes, et plus « riches », témoignage de l’importance de cet établissement autrefois.
Ensuite, la Ruta 40 nous fait traverser une zone volcanique, avec des traces de coulées de lave très anciennes, mais aussi des sols colorés ; inutile de chercher plus loin, c’est ici que les chasseurs du passé ont trouvé la matière première pour effectuer leurs peintures : les mêmes rouge, ocre, blanc, violine.
Vendredi 11 novembre : Cueva de las Manos- Chile Chico ; soleil, vent fort ; 186kms
Ce matin nous rejoignons la Ruta 40. Pour cela, il nous faut passer au fond d’un canyon, donc longue descente sinueuse, puis remontée assez raide dans les graviers. Pour nous, cela ne pose aucun problème. C’est le même canyon que vers la Cueva de las Manos, il est né d’une faille sismique et a été agrandi par le Rio Pintura. Au passage du pont, au fond de ce canyon, nous avons la surprise de trouver quelques flamants australs, bien à l’abri dans une petite lagune.
En haut, scène de chasse aux guanacos, au centre représentation d'une divinité et en bas, peintures plus abstraites datant de 3000 ans
Ces scénes de mains vieillent de 10000ans, ont donné le nom au site: Cueva de las Manos
Arrivés sur les lieux, on effectue la visite guidée (200 pesos /per). Par un chemin bien aménagé qui longe la falaise, notre guide nous conduit vers le site. Là, ce sont des milliers de mains qui ont été apposées sur le rocher, mais aussi des centaines de guanacos, l’animal que chassaient les habitants de cette région, il y a 10 000ans. Ils peignaient avec des jus de végétaux et des terres pilées, ce qui donne des noir, rouge, ocre, violet. Les dernières peintures, plus récentes sont plus abstraites, cercles concentriques, lignes de points…..
Enfin, pour finir cette belle journée de soleil, nous trouvons, le long de la piste, un lieu pour passer la nuit et où le vent ne souffle pas trop fort.
Enfin, après 230 kilomètres, nous prenons la piste très roulante qui nous conduit à la Cueva del Manos. On aperçoit enfin le canyon du Rio Pinturas, avec ses falaises ocrées et sa végétation aux couleurs printanières.
Ci dessus une estancia au fond du cirque.
A gauche, le rio Chico et à droite l'ancienne Ruta 40.
Jeudi 10 novembre : Gobernadore Gregores- Cueva de Los Manos ; soleil, vent ; 288kms
Ce matin, nous parcourons les rues de la petite ville pour trouver du pain. Heureusement, nous avons un plan en main, car, si il y a 3 panaderias, elles ne sont pas en centre ville, elles sont dans des quartiers en construction, situées dans des petites maisons comme les autres.
Et puis nous voilà sur la route, longeant le Rio Chico et sa vallée verdoyante. Cela ressemble à une oasis du Maroc, sauf qu’ici les arbres sont des peupliers. La Ruta40 est très belle, et surtout bien goudronnée, c’est très agréable ! Nous roulons, encore une fois frappés par le manque de présence humaine ; aujourd’hui, sur 288 kilomètres, nous ne verrons que 2 estancias, un relais et un minuscule village, Bajo Caracoles qui a 3 maisons, 2 hôtels, 2 pompes à essence et une station de déneigement. Est-ce l’effet du vent, du soleil qui chauffe la route ? mais nous avons l’impression de rouler vers un monde indéfini, sorte de mirage, les panneaux deviennent guanacos, les guanacos des arbres…
Statues des pionniers retraçant l'histoire de la ville
Rafale de vent de plus de 80 km/h à 12h. Résultat: portière arrachée , aile défoncée par cette portière. A 15h on trouve un carrossier, rendez vous à 18h, à 19h c'est fini.
L'Argentine c'est un peu comme l'Afrique, il y a toujours quelqu'un pour vous aider!
Ripio, tôle ondulée, vent jusqu'à 100km/h, terre et gravier qui volent, portière arrachée, ce n'était pas une journée plaisir!
On arrive à Gobernadore Gregores vers 15h. C’est une petite ville de province, avec des statues parlant de son histoire. On trouve un carrossier, qui nous donne rendez-vous à 18h, alors en attendant on se dirige vers le camping. Ici, murs et arbres protègent du vent (qui continue à souffler en rafales). A 18h, on retourne vers le carrossier, à quelques blocs de là (les villes étant en damier, c’est ainsi que les habitants se repèrent, ils ne disent pas la 3ème rue, mais à 3 blocs de là). Il remet à peu près l’aile en forme à l’aide d'un vérin hydraulique, de pinces et d'un bon marteau et règle la portière. Ce n’est pas très joli, mais cela fonctionne, il demande 500 pesos soit 30€. Retour au camping pour la nuit.
Mercredi 9 novembre : El Chalten- Gobernador Gregores ; VENT entre 70 et 100 km/h ; 305kms
Nous avons encore dû dormir toit replié, et malgré cela le véhicule a beaucoup tangué durant la nuit!
Pluie fine, nuages bas, vent, voici ce qui nous attend au réveil. Ce n’est pas aujourd’hui que nous ferons une belle randonnée, alors…. on repart.
La longue route qui longe le lac Viedma est plus facile dans ce sens, le vent nous pousse. Cette ligne droite est un enfer pour les quelques cyclistes qui s’y engagent, avec un vent à plus de 80km/h, difficile d’avancer ! Puis on se retrouve sur la Ruta 40. Là, le vent est de travers, moins drôle ! Mais jusqu’à Tres Lagos, ça va, d’autant plus, qu’une fois sortis des montagnes, le soleil est revenu. Malheureusement, quelques kilomètres après ce village, fini l’asphalte, c’est ce bon vieux Ripio qui reprend ses droits. La poussière vole, les graviers volent, la porte vole ! Et oui, en cherchant un lieu pour s’arrêter, quand JN a voulu sortir, une rafale de vent a retourné la portière, elle n’est pas partie, mais a enfoncé l’aile. Evidemment après cela elle s’ouvre et se ferme moins bien. Bon, ce n’est pas le lieu pour stopper.
Bien difficile à photographier le Fitz Roy et l'aiguille Poincenot sans nuage!
Sympa, ce Carpintero gigante avec sa tête de clown!
Les différents sommets, avec quelques noms bien francais
En plus, sur les 10 kms de parcours, très peu de passages ne sont pas abrités du vent, donc c’est très agréable. Le Fitz Roy joue le timide et ne daigne pas se dévoiler, par contre le glacier Piedras Blancas exhibe sa glace bleue et ses séracs en vrac.
De retour dans la vallée, nous partons à la découverte de ce village, les constructions sont hétéroclites : on trouve de tout, de la cabane de jardin au grand hôtel, en passant par les containers aménagés, les caravanes rafistolées, les villas coquettes. Nous bivouaquons au départ des randonnées, seul lieu autorisé dans ce village (nous avons essayé de prendre la piste en direction du Lago Desierto, mais le moindre espace libre exhibe la pancarte « interdit aux motorhomes », grrrrr !, même ceux recommandés sur Ioverlander).
Mardi 8 novembre : El Chalten ; 15°, léger vent, éclaircies ; 15kms
Ce matin, nous roulons jusqu’au centre d’information, à l’entrée de El Chalten, nous obtenons une carte et des renseignements sur les randonnées faisables, puis continuons jusqu’à l’autre bout du village, où nous nous garons au départ des randonnées. Nous avons choisi d’aller seulement à la Laguna Capri, d’où on a un joli point de vue sur le Fitz Roy et l’aiguille Poinsonnot. Le sentier s’élève dans la forêt de Lengas, pissenlits, papillons, herbe grasse, cela peut paraitre banal, mais ici c’est tellement rare !
Le cerro Fitz Roy et les cerro Torré dans les nuages
Ici il y a vraiment du vent, même les panneaux routiers l'annoncent!
Après 170 kms, nous bifurquons direction El Chalten, le vent freine notre progression, les eaux du lac Viedma sont ourlées de vagues. A l’horizon, les montagnes enneigées sont cachées par un plafond nuageux très bas. Nous nous arrêtons pour bivouaquer, juste avant d’entrer dans le parc national, en contrebas de la route, dans un lieu accessible seulement en 4X4. A 20h, le soleil sort un moment des nuages, nous apercevons le pied du Fitz Roy et les sommets avoisinants. Lat -49.40524 Lon -72.75523
Lundi 7 novembre : El Calafate-El Chalten ; alternance nuages et éclaircies, vent ; 258kms
Ce matin direction les collines de la ville pour remplir la bouteille de gaz. Heureusement que nous avions les bons raccords, sinon cela ne se serait pas fait. On a payé 100 pesos pour 3 kg de gaz.
Ensuite nous reprenons la route, longeons le lac Argentino qui est toujours de couleur turquoise, franchissons la rivière Santa Cruz que nous avions déjà franchi côté Océan. Ce cours d’eau, qui traverse l’Argentine à l’horizontale, a permis la colonisation de cette région, les marchandises arrivant par radeaux. Puis, entre les 2 lacs, le paysage est très beau, le relief est tourmenté, érodé par les eaux.
Tableau des différents types de cristaux de neige
Pour nous deux: 2 grands biftecks, 4 morceaux d’agneau, 2 morceaux de poulet, une saucisse, du boudin et de l’oreille de vache!
Baie de Calafate, un peu comme nos myrtilles
En sortant, le vent a encore augmenté d’intensité, nous décidons dons de retourner au camping El Ovejeros qui est bien abrité au milieu des peupliers. Le soir, on mange à nouveau au restaurant situé dans ce camping, une « parilla libre ». On nous a servi pour tous les deux, 2 grands biftecks, 4 morceaux d’agneau, 2 morceaux de poulet, une saucisse, du boudin et de l’oreille de vache… bon cela on le laisse, c’est vraiment très gras.
Deuxième visite pour le Glaciarium (300pesos/pers), centre d’expositions sur les glaciers, rappelant d’abord certains fondamentaux : comment se forme la glace, son poids, ce qu’est un glacier, pourquoi la glace parait bleue (le bleu est la seule couleur du spectre solaire qui réussit à pénétrer dans cette matière). Puis on découvre l’importance des glaciers dans le monde, enfin on s’attarde sur les glaciers patagons. Là, on découvre que certains glaciers avancent (tel Perito Moreno) et d’autres régressent (tel Upsalla), par contre aucune explication sur ces faits. On finit par un film qui survole les différents glaciers et sommets du parc « Los Glaciares », évidemment cela donne envie d’aller les voir de plus près.
Dans l’après-midi, nous visitons d’abord le « museo d’interpretacion de la historia » (120pesos/pers). Là, on suit une frise du temps qui commence à l’époque préhistorique, quelques squelettes sont reconstitués. On continue avec l’époque des hommes préhistoriques, qui dure jusqu’à l’arrivée des grands navigateurs vers 1600. Puis les peuples autochtones ont été chassés, détruits, parqués. Il semblerait que maintenant ils commencent à être réhabilités. Les terres ont été mises en exploitation par les migrants venus du Nord ou de l’étranger.
Dimanche 6 novembre : Du bivouac à El Calafate : soleil et grand vent ; 62 kms
Ce matin, quelle surprise, le paysage est tout blanc : il a neigé pendant la nuit, seulement quelques flocons à notre niveau, mais plusieurs centimètres sur les sommets. Cependant le soleil brille, alors nous nous dirigeons vers les zones lagunaires à la périphérie de El Calafate. A l’ouest de la Bahia Redonda s’étend une prairie humide, à l’herbe rase, domaine des chevaux et des oies, toujours les mêmes, celles qui se nomment « Coquen Comun ». A l’Est, on trouve la Laguna Nimez, zone protégée et aménagée (entrée payante, 150pesos). On y suit un sentier bien aménagé, qui permet d’observer différents oiseaux, les plus remarquables étant les flamants australs, le nez dans l’eau ou au contraire marchant à grandes enjambées. Rapace et hirondelles essaient vaillamment de résister au vent qui souffle à plus de 70km/h, nous aussi d’ailleurs !
Notre bivouacau bord du lac Argentino
A la sortie du parc (on n’a pas le droit d’y rester après 19h), nous cherchons un bivouac. Le bout du lac Roca est sauvage à merveille, mais il est aussi très plat, sans grande végétation. Si on s’installe là et que le vent se lève, on va se faire secouer, alors on reprend la route, direction El Calafate. Au plus près du lac Argentino, Jean-Noël repère un petit replat, légèrement en contrebas de la route, partiellement abrité. On s’y installe, face à une vue extraordinaire : à nos pieds le lac et en face, une chaine enneigée. Lat -50.3239 Lon -72.5649
Au pied de ce géant flottent des icebergs, à cet endroit le lac ressemble à la banquise au printemps. Ce qui est intéressant, c’est que ces « glaçons » ne s’éloignent pas , on n’en voit pas sur le lac Argentino (nous n’avons pas trouvé d’explication à ce sujet). A 17h, c’est encore la pluie qui nous fait abandonner le terrain. Mais malgré le mauvais temps, on s’estime chanceux d’avoir pu admirer une telle merveille naturelle.
Il faut attendre 15h pour qu’il y ait à nouveau une éclaircie, on se rééquipe, et nous voici dans la navette. Cette fois-ci nous parcourons le circuit inférieur, il nous conduit presque à la hauteur du pied du glacier. On est dominé par cette glace fractionnée. Là, on peut entendre le glacier gronder, de grands craquements annoncent une chute de sérac suivie d’une gerbe d’eau. C’est vraiment très impressionnant. Du circuit supérieur, on a devant nous une grande partie des 4 kms de langue glaciaire.
Il y a une heure que nous cheminons et nous extasions lorsque la pluie fine se transforme en bourrasques de neige, donc par la navette, retour au 4X4 où nous nous réchauffons dans la cellule.
Le glacier Perito Moreno achève sa course dans 2 lacs, le Lago Argentino et le Lago Roca, qui normalement communiquent. Mais lorsque la langue glaciaire s’avance, elle forme un barrage, empêchant ces 2 lacs de communiquer. Le niveau du Lago Roca monte, pousse, et un jour le barrage cède. Quelques mois après, le processus recommence. Ce glacier ni ne régresse, ni n’avance depuis des décennies.
Donc à mesure que nous avançons, la langue glaciaire apparait devant nous, muraille de 60 mètres de haut, composée de piliers de glaces entrecoupés de crevasses, le tout d’une belle couleur bleutée.
Lorsque l’on arrive, le soleil a disparu et la température a bien chuté. On s’habille très chaudement (gros pulls en laine, gants, bonnets) et de manière étanche (veste) avant de s’engager sur les passerelles qui partent du parking. Par un chemin de 1100m de longueur, nous approchons du front du glacier.
Samedi 5 novembre : El Calafate- glacier Perito Moreno ; 138 kms
Nous avons pris la météo, les quelques jours à venir s’annoncent médiocres, mais ce matin, voyant un rayon de soleil, nous décidons de nous rendre au glacier Perito Moreno. D’abord, arrêt obligatoire au grand supermarché La Anonima, où l’on fait le plein de produits frais, puis on prend la route. Nous roulons direction Ouest, longeant l’immense lac Argentino, aux eaux turquoise. Au loin se profilent les montagnes aux sommets enneigés. Après 60 kms de pampa, nous arrivons à la porte d’entrée du Parc Los Glaciares, où nous payons 330 pesos par personne (en espèces, les parcs ne semblent pas connaître la carte de crédit !), puis nous continuons dans un massif boisé. Après 27 kms de bonne route, nous sommes dirigés sur un parking d’où l’on peut emprunter des passerelles où prendre une navette (gratuite).