Avant de quitter cette ville, on fait le plein de gasoil à l’unique pompe. Unique parce qu’elle est seule, mais aussi unique car c’est seulement un pistolet avec un compte litres, encastré dans un mur. Ensuite, on se gare à l’ombre de grands acacias (attention aux pneus) le temps du repas. Dans l’après-midi, il nous faut 3h pour faire 148kms, car on a repris la piste qui par moments secoue bien ! d’ailleurs JN entend un bruit métallique inconnu. A l’étape, il découvre qu’un boulon tenant ses jerrycans s’est cassée. Apparemment il n’y a que ça de cassé.
On bivouaque à 2 pas des peintures rupestres découvertes par Théodore Monod. On est dans la savane, au pied de belles roches noires empilées, formant des abris sous roche ou des tables. Tout est calme, on semble loin de tout, mais des nomades ont un campement pas loin et surtout le téléphone passe (pas vraiment internet). C’est extraordinaire car hier, on était au pied d’antennes, aux portes de la ville et ce n’était pas mieux !
Dimanche 21 janvier : Ouadane- passe d’Amojar ; 148kms
Ce matin, nous visitons la vieille ville de Ouadane (entrée 200ouguiya/pers, + 100 pour le guide). Son nom vient d’une devise ; Ouadane, ce sont 2 oueds, l’oued des dattes (parce que la ville est à côté de magnifiques palmeraies) et l’oued du savoir (parce que des érudits y ont vécu). La fondation de cette ville date du 12ème siècle. C’était un carrefour sur la route des caravanes. La partie basse est la plus ancienne, il n’en subsiste pas grand-chose, mais on peut voir les fortifications, le minaret et la structure de la mosquée. Le plus original, c’est le puits fortifié. De dessus il ressemble un peu à une clé avec sa double enceinte. Il était gardé jour et nuit…. Pour veiller à ce que les gens de la cité ne prennent pas plus que leur part d’eau. Le guide nous montre aussi une maison d’un fondateur de cette ville… bon, vu l’état, difficile d’imaginer quoi que ce soit.
Puis on quitte cette ville, reprenons la piste « essoreuse » sur une quinzaine de kilomètres avant d’en trouver une moins usante en direction de Ouadane. On roule bien, la tôle ondulée (aujourd’hui) est modérée. On roule toujours sur le même plateau : cailloux, quelques acacias, un peu d’herbe à chameaux et 2 ou 3 troupeaux de ces animaux. Sable, palmiers apparaissent, on arrive à Ouadane. On passe la nuit au campement Vasque, chez Zaïda. Le lieu nous plait, bien entretenu, joliment décoré et des sanitaires performants.
Puis on visite les 2 bibliothèques en service. La première (proche du château d’eau) appartient à la famille Habott. Tous les manuscrits sont sa propriété, certains remontent au 13ème siècle. Ils sont conservés dans des boites d’archivage, dans des armoires métalliques. L’hygrométrie da cette pièce sombre au magnifique plafond en palmier, est assurée par 2 bassines contenant de l’eau. Le conservateur est passionné par ces livres et en prend grand soin. La seconde bibliothèque est plus un musée qu’une bibliothèque. Elle appartient à Mahmoud, qui a une âme de conteur. Il nous parle de l’origine du nom Mauritanie, nous présente quelques objets du quotidien tels des jeux de société et une tablette coranique, nous récite des poèmes avant de nous présenter 3 manuscrits en assez mauvais état.
Samedi 20 janvier : Chinguetti-Ouadane ; 127kms
Dès 9h, le groupe prend la direction de la vieille ville de Chinguetti, accompagné par un guide. Celui-ci Hadrami, s’avère bien utile d’abord pour négocier le prix des entrées, puis pour éloigner les femmes qui veulent vendre leurs babioles et enfin donner des renseignements. C’est ainsi que l’on remarque les portes anciennes en bois avec leurs clés rudimentaires mais efficaces, l’échelle d’ensablement posée par l’Unesco en 2003 (à ce moment-là, dans certaines rues il y avait 2m de sable), les petites ouvertures dans les murs qui permettaient une bonne ventilation des habitations (la fraicheur sans le clim).
Après avoir resserré tout ce qui avait bougé, nettoyé pour enlever la poussière, on traverse l’oued asséché, à pied, en direction du vieux Chinguetti. Murs en pierres sèches, ruelles, maisons éventrées, et là au milieu, le vieux minaret bien entretenu. On rencontre un propriétaire d’une des 12 bibliothèques, il parait qu’il a encore des manuscrits, on lui dit qu’on visitera demain matin. La promenade est agréable jusqu’au moment où l’on est repérés. A partir de ce moment, des vendeuses sortent de toutes les maisons, c’est à celle qui réussira à nous vendre quelque chose. On est bien plein de compassion, on veut bien participer à l’économie locale, mais payer 10€ pour une horreur qu’on ne pourra jamais porter, c’est non ! On prend le chemin du retour. Près de l’oued, je suis intriguée, une jeune femme secoue un plateau. Je m’approche et tant bien que mal engage la conversation (pas moyen d’utiliser google traduction, le réseau internet mauritanien est très faible). Elle a des graines de courge (ou courgettes) qu’elle a grillées, elle les refroidit, puis elle va aller les écraser et en faire une soupe. Elle est adorable ! tranquillement, dans le soleil couchant on prend le chemin du retour. Le village est calme, c’est l’heure de la xème prière en ce vendredi.
On continue quelques kilomètres pour arriver à Fort Sagane. Le passage de la passe d’Amojar se fait sans difficulté, maintenant c’est une belle route en ciment qui descend tout droit, la montagne a été rognée. On se gare près du fort qui est entouré de grillage, avec un gardien à l’entrée. Que cet homme doit se sentir seul, avec personne aux alentours ! Puis on poursuit direction Chinguetti sur cette piste pas difficile (c’est tout droit et tout plat, il n’y a pas de pièges), mais infernale. A 10 kms de Chinguetti, le sable apparait, puis enfin voici la ville. On a choisi l’auberge des caravanes pour s’arrêter. L’établissement est scindé en deux : une partie plus moderne, avec la douche chaude et le lieu qui ressemble à un ancien caravansérail, c’est là qu’on se gare dans une cour sécurisée. C’est joli, dommage que la maintenance ne soit pas faite !
Vendredi 19 janvier : Atar-Chinguetti ; 98kms
Un peu de mauvaise humeur ce matin au réveil. Au moment de payer, le tarif est passé de 400 ouguya (10€) à 600…. Alors là, on n’est pas d’accord. D’accord, le cadre n’est pas vilain, mais de l’eau froide, des chasses d’eau qui ne fonctionnent pas, ça ne mérite pas ce prix ! On râle, on dit qu’on n’est pas content, et que ce n’est pas grave, on dira que l’autre camping était bien mieux. Un moment après, la gérante arrive et nous rend tout notre argent, ce sera nuit gratuite ! On traverse le hameau, quelle horreur, les chèvres broutent sur les ordures et mangent le plastique ! On sort enfin de Atar, direction plein Est. Il faut une dizaine de kms pour retrouver un paysage exempt de pollution. On approche des montagnes, on passe la Passe de Nouatil, joli passage bordé par des montagnes tabulaires. Ensuite on roule sur un plateau cailloux noirs de chaque côté, peu de végétation. La piste nous secoue dans tous les sens, ce sera 75 kms de tôle ondulée, parfois très grosse, qui desserre tout dans le pick-up. On fait un détour pour voir les peintures rupestres de Théodore Monod : une girafe, des danseurs, des vaches… on devine des formes mais ce n’est pas Lascaux ! Mais de là, on découvre un paysage grandiose.
Après cela on se dirige vers Azougui, village à moins de 10 kilomètres. Après un plateau rocheux, on passe un col et là on découvre une vallée où se mêlent palmiers et dunes de sable au pied de falaises. En approchant, on remarque de drôles de constructions, rectangulaires ou en forme d’igloo, mais faites en palmes. Et à côté de ça, le village semble vide, très peu de cases sont occupées. Vite, on cherche dans le guide et on apprend que ces constructions s’appellent des Tikits et qu’elles ne sont utilisées qu’au moment de la récolte des dattes. Pour manger, on aimerait s’écarter de la piste principale, mais le sable devient tout de suite très mou. On trouve quand même un petit coin. Avec le courant d’air, à l’ombre dans le véhicule on est bien, mais dehors le soleil écrase tout (30° à l’ombre). On finit la journée au camping auberge Mer et Désert, un peu en dehors de la ville, mais à portée de muezzin !
Jeudi 18 janvier : Atar-Azougui-Atar
Ce matin, premier travail, passer le véhicule au lavage. Puis on s’arrête au marché, on réussit à se débarrasser de tous les rabatteurs. Ça fait du bien. Bon, on ne peut pas dire que les normes d’hygiène sont respectées : le pain est vendu dans des brouettes, les poissons et la viande sont couverts de mouches. Dans une petite épicerie, je veux acheter de l’huile, mais je trouve que le bouchon est bien poussiéreux, pas de problème, le vendeur crache dessus et frotte avec sa manche : fou rire ! (je n’ai pas pris cette bouteille, rassurez-vous). Seuls les fruits et légumes sont bien présentés, sur des petites charrettes. Dans les ruelles, ce sont les ânes qui assurent le transport : sacs de ciment, de riz, de pâtes, de farine. Ici, c’est le paradis pour ceux qui veulent acheter en vrac. Sur les étals, on trouve même des sortes de pierres, c’est du sel.
Pour retourner au camping, Sidatty arrête un petit taxi dans la rue…. Et bien je ne pensais pas monter un jour dans une telle épave ! Extérieurement, la carrosserie est toute bosselée, plus de plaque d’immatriculation. Le pire c’est dedans…. Il a dû la trouver à la casse et ils avaient commencé à la démonter : les sièges de devant et les portières n’ont plus d’habillage et à l’arrière, JN a l’impression d’être assis sur les amortisseurs. Elle ne roule pas vite, on a l’impression que seulement 2 vitesses passent et que le moteur est à l’arrière. Mais on arrive quand même à bon port.
Mercredi 17 janvier : Atar, soirée chez l’habitant
Ce soir, nous sommes invités, par l’intermédiaire de Dominique et Christine, chez Sidatty, personne très impliquée dans le développement touristique de sa région et aussi organisateur de circuits. A 19h, on nous y conduit. La conduite des mauritaniens de nuit est encore plus impressionnante que de jours : on passe à droite, à gauche, on roule sur les « trottoirs » (bandes sableuses sur le côté) à contre sens. Les piétons et cyclistes sont vus au dernier moment. Sidatty loge derrière de grands murs. Passée la porte en fer, on arrive dans une cour fermée convertit en patio : tapis au sol, coussins pour s’asseoir, grande toile au-dessus. Et tout autour des pièces s’ouvrent. La maîtresse de maison et ses filles viennent nous saluer : geste timide vers les hommes, grandes accolades pour les femmes, puis elles disparaissent, on ne les reverra qu’au moment de partir. On nous installe sur les coussins, un verre de lait fermenté nous est servi, puis on nous laisse car il est l’heure de la prière ! Ensuite, le repas commence, en compagnie de Sidatty, qui bien volontiers nous parle de son pays, de sa culture et de ses coutumes. On mangera des dattes, que l’on frotte sur du beurre, puis un excellent couscous au chameau et enfin des hors d’œuvre magnifiquement préparés. On était 5, on aurait pu être 12 au niveau des quantités. Il est 23h lorsqu’on décide de partir. On remercie l’hôtesse, qui en plus de nous avoir cuisiné un excellent repas nous offre des cadeaux ! Quel dommage de ne pas avoir pu échanger avec elle (mais elle ne devait pas parler français).
Mercredi 17 janvier : Choum-Atar
Cette nuit, l’air frais a mis du temps pour arriver, mais à 26°, c’est gérable. Ce matin, l’aube nous apporte de magnifiques couleurs rosées, le temps reste brumeux jusqu’à midi. Ce matin, c’est route goudronnée relativement en bon état jusqu’à Atar. L’habitat change, fini les maisons aux carcasses en traverses de chemin de fer, ici c’est de l’adobe recouvert d’herbes séchées, puis lorsque l’on passe le relief des maisons aux murs en pierre sèche. La route s’élève dans les cailloux noirs, on domine le vaste plateau que l’on vient de traverser.
De l’autre côté, on trouve des palmiers. Lorsqu’on traverse des villages, certaines maisons attirent l’attention, il y a toujours des femmes devant : ce sont des petites épiceries. Enfin nous arrivons à Atar. Tant qu’on roule, ça va, mais dès qu’on se gare, voici le marchand de beignets, de gâteaux gras, des guides. L’un d’eux parle bien français, on lui demande de nous montrer l’agence Mauritel, on lui explique notre problème, notre carte achetée à Nouadhibou ne fonctionne plus. Il nous explique que c’est une arnaque connue, le vendeur, au bout de quelques jours arrête l’abonnement de la carte ! on en rachète une, en espérant que cela fonctionnera… le problème est qu’on ne peut pas acheter de carte en Mauritanie, à notre nom, elles sont vendues sur présentation d’une pièce d’identité.
Après cela, quelques courses, toujours avec notre guide, puis on se dirige au camping Imini où on retrouve nos amis. Une cour carrée, avec 7 véhicules, c’est plein. Là, ce sont les mouches qui nous assaillent !
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