Au retour on rencontre le train du désert qui tire ses nombreux wagons. Les locomotives sentent le chaud, et il faut un certain temps avant que la voie, que l’on doit traverser, soit libre.
Enfin on finit la journée à la Villa Maguela, lieu très prisé des voyageurs. L’accueil est sympathique, le cadre impeccable, mais, car il y a un mais, les prestations ne sont pas au rendez-vous du prix : 500MRU pour qu’on nous demande d’utiliser un minimum d’eau, pas de lavage de linge (machine ou bassine), rien pour vider les wc ou faire la vaisselle, pas de wifi. Heureusement on repart demain, sinon cela m’aurait énervé ! Comme demain on quitte nos amis, ils ont plus de temps que nous pour rentrer, on prend ensemble le repas, chacun apporte sa contribution et c’est un vrai festin. On fait notre compte, on a effectué 3760kms en Mauritanie.
Nous décidons d’aller jusqu’au bout de la péninsule, au Cap Blanc, c’est une réserve naturelle qui fait partie du Banc d’Arguin. La route pour y aller traverse toute la ville dans le sens de la longueur, avec sa circulation anarchique. Ici, c’est moderne, ils ont mis des feux rouges…. Sauf que personne, sauf nous et les propriétaires de voitures récentes, ne les respecte. Petit à petit, la ville se transforme en zone industrielle, on passe à côté du terminal du train du désert. Là, le minerai de fer est déchargé : gros nuages noirs. Enfin on atteint le cap. Le paysage est sensationnel. Au pied des falaises, l’eau grouille de poissons. Des barques de pêcheurs sillonnent l’eau, des cordes permettent l’accès à la plage (pas pour nous). En revenant, on se fait arrêter par un garde du parc qui veut nous faire payer 200MRU par personne. Ah, mais non, on a notre ticket acheté hier puisqu’on devait aller à Arkeiss. Non, non, c’est pas la même chose -Mais on est bien toujours dans le Banc D’Arguin. Bon, à force de palabrer, s’énerver un peu, on ne paye rien.
Mardi 6 février : Boulanouar-Nouadhibou ; 167kms
Evidemment, la nuit fut calme, mais on ne s’attarde pas car avec le lever du jour, le vent s’est levé et on est au milieu du sable. La route reprend. Dans cette région de gros efforts sont faits pour que le sable n’envahisse pas la chaussée, on trouve régulièrement des tractos qui poussent le sable. Tout le long de la route Boulanouar-Nouadhibou, de gros tuyaux noirs attendent d’être enfouis, c’est pour approvisionner la ville côtière en eau car là elle est rare.
Petit arrêt vers le marché. Là , tout est mélangé, la viande et les cosmétiques, le poisson avec les céréales en vrac, ce n’est pas très appétissant tout cela ! Les produits chinois envahissent les étalages ; sandales en plastique, boites en plastique…. Pas étonnant car les chinois sont omniprésents dans cette ville, ils ont leur port, leur banque, leurs entrepôts. On trouve quand même, bien alignés, des magasins de textile qui vendent des voiles pour femmes ou confectionnent des vêtements, machines à coudre posées sur le trottoir.
A midi, on s’arrête au lieudit Gare du Nord. C’est une ancienne halte, avec restaurant et pompes à essences laissée à l’abandon. Le gros avantage, c’est qu’on est à l’abri derrière les murs. On prend une décision radicale, nous abandonnons la suite du Banc d’Arguin et prenons la direction de Nouadhibou. Passage à Chami, qui semble rivaliser avec Nouakchott avec son avenue bordée de lampadaires (led et panneaux solaires). Les boutiques sont bien alignées, tout semble impeccable… ça change ! Ensuite, c’est plat, plat, sec, désertique pendant de nombreux kilomètres. Les chauffeurs ont tendance à s’endormir ! D’ailleurs on verra 2 voitures accidentées parties dans le décor. Le vent s’est calmé. Pour combien de temps ? Les dunes réapparaissent avant Boulanouar ; Nouadhibou est encore à plus de 100kms, alors on se trouve un petit coin de bivouac sympa, entre des petites dunes, posées bien alignées, toutes en arc de cercle côté ouest. (21.09629°N, 16.35404°W)
Lundi 5 février : Cap Timiris- Boulanouar ; 268kms
Ce matin grand beau temps. On se prépare tranquillement. Je découvre que les palétuviers en bord de plage servent de dortoir pour les libellules. Elles sont agglutinées, en grappe, et dès qu’un rayon de soleil les atteint, elles prennent leur envol. A notre tour nous décollons. On passe au campement où nous aurions dû aller : quelques cabanes autour d’un espace en sable, 2 wc, une douche sans tuyau et tout cela sans eau, tout semble à l’abandon. Ensuite pour repartir, nous empruntons la piste qui longe la Baie Saint Jean. C’est un régal, elle est douce sous les roues, pas d’ornière, très peu de sable. On peut même admirer sur la côte des colonies d’oiseaux et sur l’eau des lanches au repos…. Elle fait quand même 30kms ! et nous évite la partie défoncée de la route goudronnée. Bon, voilà le vent qui se lève, ça concorde avec ce qu’ont dit certains autochtones, une tempête de sable est annoncée. On décide de rejoindre la suite du Banc d’Arguin en passant par la nationale, plus long mais pas dans le sable. Le vent se renforce, faisant voler le sable.
Au point 19.40342°N, 16.05421°W, on prend la petite route goudronnée, en direction de Mamghar, il nous reste 50kms. Le goudron d’abord joli, commence à se miter, puis de plus en plus, pour finir en méchante tôle ondulée (je sais, c’est monotone, je dis toujours la même chose, mais c’est notre vécu !). Mais on sent monter le plaisir des grands espaces, sable, creux humides, longues lignes droites avec de belles descentes et montées. Parce qu’on est allés jusqu’au campement de pêcheur, on est obligés de traverser Mamghar, ses tas d’ordures et ses gosses collants pour arriver au bureau du PNBA (19.35775°N, 16.50878°W) où le garde nous dit d’aller jusqu’au cap Timiris, il viendra nous enregistrer ce soir. On suit une jolie piste, on n’arrive pas tout à fait au cap, une lagune nous en sépare. On est derrière une dune de coquillages et devant nous, au loin, pélicans et flamants roses. Pas de vent et une petite brise rafraichissante. Le lieu est parfait. Seul problème, il est interdit de bivouaquer dans le parc, il faut aller au campement. Lorsque le responsable vient encaisser (200MRU/pers/jour), il dit que lui il veut bien que nous restions là, mais que c’est les femmes qui tiennent le campement qui ne seront pas contentes, alors on paie 400MRU par véhicule et il est content. Pour nous, c’est un bonheur de profiter de ce calme, du ballet des libellules, et d’un coucher de soleil tout en douceur. Dernière belle découverte de la journée, des milliers de crabes violonistes sortent de leur terrier la nuit tombée et envahissent la plage.
Dimanche 4 février : Nouakchott-cap Timiris (banc d’Arguin) ; 205kms
Ici, la nuit a été plus fraiche, il fait un peu moins de 19° au lever du jour. Dans la journée, on ne sent pas la chaleur car une brise souffle. Ce matin, nous parcourons 140kms de route goudronnée, en bon état avant de bifurquer vers le Banc d’Arguin. Cette route est assez monotone, surtout au début, grandes étendues plates, avec rien, pas un animal, pas une maison et pas de circulation. Puis on arrive dans une zone plus sableuse avec quelques misérables cabanes posées le long de la route. Ouah, nous allons encore faire l’expérience des deux plaies de ce pays, les mouches et les gosses agressifs réclamant des cadeaux. On aimerait avoir du pain frais pour ces deux jours loin de tout, alors dès que JN voit quelque chose ressemblant à une boutique, il s’arrête. Dans la première, il n’y a qu’un pain, et la vendeuse veut le vendre le double du prix, dans la deuxième, il ne trouve rien, mais les gosses surgis de partout fondent sur les véhicules, s’y collent…. Heureusement les vitres sont fermées ! Dans la 3ème boutique, il aura le fin mot de l’histoire : le pain vient de Nouakchott (100kms) et aujourd’hui, pas de livraison. C’était notre dernière chance, après plus d’agglomération.
Allez, plus qu’une quinzaine de kilomètres avant d’atteindre l’hébergement, Les Sultanes, au Nord, près de l’océan. Ce soir on est bercés par le bruit des vagues. Comme ici ils acceptent d’être payés en euros, nous mangeons au restaurant de délicieux plats de poisson…. Par contre les prix sont quasiment les mêmes qu’en France (20€ le repas).
A Nouakchott, on fait un détour par le port de pêche. Après tous ces jours dans la nature, c’est le choc. Voitures en loques, charrettes à bras, poussière, vendeurs sur tapis. On se gare à côté du marché aux poissons, ici il est trié, emballé, vendu en gros. Puis plus loin voici les étalages qui vendent au détail, courbines gigantesques, lottes (en fait des poissons perroquets), rougets…. Les poissons invendus et les déchets sont entassés à même le sol. L’odeur est abominable. Puis on descend sur la plage. Là des centaines de barques, plus ou moins colorées, se reposent sur le sable, d’autres attendent au large. On en verra une arriver, les marins mettent le moteur à fond et la barque vient glisser sur la plage. Ensuite, une dizaine d’hommes la soulèvent, glissent un chariot dessous puis la tirent au sec. Voici un attroupement, des femmes sont agglutinées, ça crie fort : c’est une barque qui vient de décharger sa pêche et les mareyeuses veulent toutes acheter du poisson à revendre.
Après avoir fait un petit ravitaillement à Keur Macène, on prend la nationale qui remonte vers Nouakchott. Elle est bordée de belles étendues de sable orangé. Les villages semblent morts en début d’après-midi, aucune activité. Seuls êtres vivants visibles, les gendarmes et policiers qui nous contrôlent, en moyenne tous les 30 kms, des fois qu’on s’évaporerait dans la nature entre temps !
On nous a dit qu’à Nouakchott on pourrait enfin utiliser notre carte pour payer le carburant, et bien non. Ici, ils sont passés directement au paiement par le téléphone ! Donc, on commence à avoir un souci, à force de tout payer en espèces et de ne pas trouver de distributeur de billets, on est obligés de compter nos sous.
Samedi 3 février : parc Diawling-Nouakchott ; 250kms
Nous n’allons pas plus au sud, le Sénégal n’est pas notre objectif, donc aujourd’hui, nous reprenons la digue de Diama. Elle nous parait moins mauvaise qu’à l’aller, allez savoir pourquoi ! En passant, on s’arrête près d’un campement de pêcheurs. Ici, les hommes partent en barque, tendent des filets et ramènent du poisson, essentiellement des poissons-chats. A terre, ils les ouvrent et les mettent à sécher, soit à plat, soit sur des fils. Etonnement, il n’y a pas de mouches qui tournent autour.
On continue cette piste poussiéreuse, en tout elle mesure 35kms. Tout le long il y a différents ouvrages hydrauliques, essentiellement des vannes, ils servent à réguler l’arrivée d’eau : l’eau peut passer librement pendant l’hivernage (saison des pluies). Ces ouvrages sont gardés par des militaires et il est interdit de les photographier.
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Vendredi 2 février : parc du Diawling ; 30kms
Aujourd’hui, nos covoyageurs prennent une journée de repos, alors nous, on profite d’être ici pour découvrir le parc du Diawling. Ce matin, plein d’entrain, nous prenons la piste qui se dirige plein ouest, dans le parc. Contrairement à ce que laisse croire le plan, nous ne sommes pas au bord de l’eau…. Et la piste est longue. On aperçoit au loin des personnes accroupies, récoltant quelque chose sur le sol nu, on pense que c’est du sel qu’ils mettent en sac immédiatement. Lorsqu’on arrive aux bondes Bell1 et Bell2, on a fait 5kms à pied. Là, on découvre un varan, des hérons et quelques cormorans. On n’ira pas plus loin à pied. Alors retour au campement. Dans l’après-midi, on y retourne, et cette fois avec le véhicule. La piste parallèle est roulante. On retrouve les spots du matin, mais beaucoup plus loin, à Leksert sur un plan d’eau, c’est un festival. Les oiseaux sont par milliers : hérons, cormorans, canards, et au milieu, trônant comme des rois, un groupe de pélicans. Et au premier plan voici des varans et des phacochères. La tête pleine d’images, on retourne à Maurisert pour passer la soirée.