Ensuite, nous rejoignons Keur Macène, la route longe des dunes orangées sur lesquelles sont posés des villages de poupée : petites maisons en tôle, colorées, petite mosquée. Après ce gros village, nous empruntons une piste en direction du parc de Diawling. Et bien, ces 36 derniers kilomètres sont vraiment pénibles. Normalement, on roule sur la digue, mais elle est creusée dans tous les sens : en long par des ornières creusées par des camions, en travers car l’eau ravine le bord, et en rond par des nids de poule géants. On n’a pas le temps d’admirer le paysage, pourtant ce lieu grouille de vie : des phacochères traversent la piste et courent se réfugier dans les roseaux, des pêcheurs embarquent sur les étangs, des oiseaux se reposent ou s’envolent : aigle pêcheur, hérons, pélicans, canards….. C’est avec soulagement qu’on s’arrête à l’auberge Maurisert près de la maison du parc, que nous explorerons demain. Là, on peut se garer dans une belle cour ombragée. Pour la douche et les wc, on nous ouvre une chambre luxueuse et propre, il ne manque que de l’eau chaude.
Jeudi 1 février : Loboudou- parc de Diawling ; 275kms
Ce matin, nous quittons ce village coincé entre le fleuve Sénégal et la forêt, arbres replantés depuis 2004. Là, avant notre départ nous avons vu les écoliers se rendre à l’école, nous avons constaté qu’une partie des enfants n’y allaient pas, ils s’occupaient du troupeau de chèvres.
Puis nous rejoignons le goudron en direction de Rosso. Ce sont d’abord des villages aux grandes tentes colorées posées sur le sable. Là encore, les troupeaux sont nombreux, il nous faudra nous arrêter plusieurs fois car un âne stationne sur la route ou un troupeau traverse. Nous stoppons aussi, au moins 6 fois ce matin pour des contrôles (police, gendarmerie) et il faut chaque fois donner une fiche…. Résultat il ne nous en reste que quelques-unes. Après les villages, apparaissent de grandes zones aménagées en rizières, de grosses canalisations déversent dans des canaux l’eau d’irrigation. Ici c’est le domaine de la culture intensive : tracteurs, moissonneuses.
A Rosso, nous cherchons une photocopieuse. Nous la trouvons dans une « papiterie », petite case carrée équipée d’un ordinateur et une imprimante, et proposant à la vente un classeur, 2 porte-vues et quelques pochettes à rabat.
On roule sur la piste d'atterissage !
De là, on continue sur une belle route goudronnée, toujours plus à l’Ouest. Nous visons pour l’hébergement du soir, un campement en écotourisme près de Dar Al Barkam, à Leboudi. En attendant que le chef du village, responsable de cette structure revienne, nous allons faire un tour le long du fleuve Sénégal. A cet endroit, il est large et profond, une petite brise bien agréable souffle. Des pompes hydrauliques sont installées pour remonter l’eau jusqu’aux cultures. En cette saison, ils récoltent les oignons.
Au petit village, on découvre quelques scènes paisibles : des jeunes femmes qui lavent le linge dans le fleuve, une barque sur laquelle on charge un chariot et qui traverse le fleuve, en trainant le cheval, pour que le propriétaire puisse continuer son chemin au Sénégal. Les gens sont amicaux, plusieurs parlent bien le français et on peut échanger avec eux.
De retour au campement, on retrouve nos amis installés sous un auvent, en compagnie de Ali le chef du village. Encore une fois, ça palabre en attendant l’heure du repas. Ici, l’air est statique et on espère que la fraicheur va venir. (16.64833°N, 14.71033°W)
Mercredi 31 janvier : Kaedi-Dar Al Barkam ; 196kms
A 9h30, on reprend la route. Brahim, nous montre le chemin, on n’aurait jamais cru rouler sur une piste d’atterrissage. Ensuite, c’est 20 kms de goudron avec des trous, puis, la route étant en réfection, on prend une piste parallèle. Poussière, sable, trous. La technique pour faire la route ne nous semble pas au point : de la terre, puis une fine couche de gravillons avant de tartiner un peu de goudron. D’ailleurs notre impression se confirme un peu plus loin, les tronçons déjà finis perdent déjà leur revêtement. De chaque côté de la route s’étend la savane, et évidemment ses multiples troupeaux. Combien de fois, a¬-t-on dû freiner subitement car un veau ou une chèvre décidait de traverser ! Les villages sont pimpants avec leurs grandes tentes aux toits bleus. Il nous faut 3h pour relier Bogué.
On arrive à Kaedi. Cette ville est au bord d’une zone inondée à la saison des pluies, ce qui permet des cultures variées : maïs, sorgo, riz. Et aux alentours, profitant d’une eau facilement accessible, manguiers, citronniers, et un peu de maraichage. Dans cette ville, on a le point d’un camping (trouvé sur Google Earth), mais le renseignement s’avère faux. Mais, comme par hasard, on est abordés par un homme (Brahim Bakar) parlant très bien français, juriste de profession, qui possède un camping. Il est en pickup, on le suit jusqu’à sa propriété : grande cour sableuse, entourée de murs dans un quartier calme. On y trouve un wc et une douche rudimentaires, un bon robinet d’eau. Il était temps d’arriver, Alain n’en peut plus ! cet homme possède aussi un jardin arboré en périphérie de ville et nous invite à l’accompagner. C’est avec plaisir qu’on découvre son petit coin de nature, ses carrés de choux, tomates, salades, maïs, le tout entretenu par un ouvrier malien. De retour au camp, on discute encore un grand moment avec lui. (16.17219°N, 13.49860°W)
A midi on arrive à Mbout, première connexion téléphone et internet depuis Kiffa ! Entre temps, le long de notre parcours, rien ! a partir de là, on roule sur une route au revêtement tout neuf. On s’ennuierait presque si ce n’était les vaches, les ânes et les chèvres qui traversent inopinément. Les villages changent un peu. Est-ce du aux températures qui montent (40° à 14h), mais les auvents en paille sont nombreux pour s’abriter du soleil. Sous de grandes tentes ouvertes au moindre souffle d’air, on voit ces grandes estrades sur lesquelles sont assises des femmes. Les tenues des hommes changent aussi : les grands boubous bleus, laissent la place à des sortes de tuniques.
Mardi 30 janvier ; jusqu’à Kaedi ; 50kms de piste et 112 kms de goudron
Et voilà, c’est reparti ! Partis à 8h45, on arrive à Mbout à 12h, un peu plus de 3h pour faire 50 kms, ça montre la difficulté de la piste. Aujourd’hui, pas de marche rocheuse, mais beaucoup de franchissements d’oued, des creux de plus de 1m de profondeur, et étroits. Pour pigmenter encore ces passages, des ornières se sont formées… un vrai travail d’équilibriste pour le chauffeur. On rencontre aussi de nombreux ponts, vestiges de la N2 construite au temps de la colonisation ; à peu près 1 sur 4 est encore en état. Par contre les paysages sont variés, magnifiques. On traverse des prairies herbeuses, des plateaux aux cailloux blancs. Les troupeaux sont encore nombreux, on verra plusieurs fois des bergers abreuver leurs bêtes en tirant l’eau du puits.
Et c’est reparti. Juste avant Soufa, nous voici arrêtés par une barrière en travers de la piste. C’est un poste de la sureté nationale. Normalement, la piste est meilleure à partir de là. N’a-t-on pas trouvé la piste principale, ou la notion de meilleure est-elle toute relative ? mais en tout cas, c’est guère mieux ! Après Soufa, on « jardine » un peu, prenant la piste à droite, alors qu’elle était à gauche. Ici, il y a quelques pickups de transport, des motos de livraisons, et sinon tous les déplacements se font avec des chars tirés par 2 ânes. On rencontre une petite famille qui va au village, des paysans qui ont ramassé le foin, une troupe de chevaux emmenés en ville.
Vers 15h30, nouveau malaise de Alain, alors on s’arrête en pleine « pampa », sur un plateau. Le soleil tape dur, mais une brise nous rafraichit, il est facile de se mettre au courant d’air. ( 15.95397°N, 12.12582°W)
Lundi 29 janvier : Lahraj-20 kms après Soufa ; 49 kms
Ce matin, on ne traine pas, on a presque 200 kms pour arriver à Kaedi. Donc, à 8h45, nous sommes en route. La savane est belle, la piste agréable. Mais voilà, quelques kilomètres plus loin la première partie de la Passe de Soufa (15.90224°N, 11.82390°W). Ce sont des marches à monter. On descend voir le meilleur passage, on rajoute quelques pierres, et c’est parti en 1ère courte. Voilà, on est passé ! Pour les sprinter, ce ne sont pas les mêmes appuis, les deux vont s’en sortir en décollant la roue avant droite. Un « local » qui attendait que l’on passe est bluffé ! Bon, évidemment, ce n’était que le début des difficultés. La piste est ravinée, souvent détournée, les marches nombreuses. Mais le paysage est beau, changeant, on verra des baobabs, de drôles de palmiers, un Adénium (sorte de baobab nain). Après 2h de route, notre ami Alain ne se sent pas bien, il est près du malaise, alors on fait une longue pause, le temps qu’il récupère un peu.
La piste est facile à suivre, cela se complique après Sani quand on retrouve l’ancienne N2. Elle a disparu ! On suit les traces qui semblent les meilleures, on trouve de tout : du sable, des passages d’oued, des cailloux tranchants, de la savane, de l’herbe bien sèche. Quelle belle surprise lorsqu’on arrive à un village Peul (15.94778°N, 11.66735°W). Les cases rondes ressemblent à des champignons, quelques greniers sont posés sur des pierres. Les femmes sont autour du puits, en train de faire la lessive. On s’arrête, elles sont accueillantes, souriantes, les jeunes filles sont magnifiques dans leurs robes à petits volants, le voile cache légèrement les cheveux. Les femmes sont heureuses de montrer qu’elles font un petit jardin, entouré de hautes palissades en bois. Les semis lèvent sous des voiles d’ombrage. Quelques kilomètres plus loin, autre village, Larhaj, où on se fait contrôler par la gendarmerie. Les fiches ne suffisent pas, le gendarme doit téléphoner à son supérieur, seul problème le téléphone ne passe pas ! En montant sur une pierre, levant le bras très haut et empruntant un téléphone moderne, la communication s’établit et on peut repartir. On roule encore quelques kilomètres dans la savane avant de trouver notre bivouac en pleine nature. Fin d’une belle journée. (15.91111°N, 11.78937°W)
Dimanche 28 janvier ; Kiffa- Lahraj ; 112 kms
Quelle belle journée ! Pourtant, c’est mal parti. On voulait retirer de l’argent au DAB, pas un seul ne fonctionne. Bon, on va changer de l’argent. Mais ici, le taux est défavorable, acquérir des euros, ça ne les intéresse pas. On fait quelques courses, moins que ce qu’on aimerait car les magasins n’ont que les produits vendus aux habitants, donc sans vraiment de choix et on repart direction sud.
En début d’après-midi, on quitte la belle route goudronnée direction le village de Guéféhra. La piste est juste un peu sableuse. On passe à côté du village et direction le plan d’eau Tamourt Guéférha. Quand on l’atteint, quel enchantement ! C’est un petit lac, bordé de nénuphars verts , des oiseaux par milliers, certains dans l’eau, d’autres sur les nénuphars et la plupart dans les arbres. Et juste à côté, couchés sous les arbres, des centaines de zébus couchés et ruminant. On profite de ce bel endroit (16.15300°N, 11.55760°W) puis on repart.
On a lu que la spécialité de Kiffa c’est la fabrication de perles en verre, on se fait accompagner d’une personne de l’auberge pour aller découvrir cela. On ne verra pas de fabrication, mais des vendeuses. Il semblerait que la tradition s’est perdue. C’est l’occasion pour nous de rentrer dans le souk : ruelles étroites, fabricants de coussins, couturiers, vendeuses de babioles (pas pour les touristes, on est les seuls), quelques légumes, et de la viande noire de mouches.
De retour au camping, on relave le linge avant de finir tranquillement cette journée.
A kiffa, on a une adresse ; auberge « le phare du désert ». On suit sagement les indications du GPS, on sort de la route principale, et là on tombe sur le marché : voitures cabossées dans tous les sens, charrettes tirées par de petits ânes encouragés à accélérer par de grands coups de bâtons, piétons, marchands de pain portant leur étal sur la tête, et tout devient de plus en plus compact, on bifurque à gauche, à droite, encore à gauche et nous voilà arrivés… devant rien : quelques moellons formant une maison, ordures, chèvres. Renseignements pris, il n’y a jamais eu d’auberge ici ! Merci Google. On retraverse tout, Jacques a repéré une pancarte en venant, alors on ressort de la ville et on s’arrête à l’auberge Hayda. Une cour sableuse entourée de murs, on met à notre disposition une salle de bain de chambre. Oui, oui, ils peuvent laver le linge, ici, alors pleins d’espoir on donne notre linge sale. Bon, il nous faudra en relaver une bonne partie.
Le paysage redevient sableux, mais avec au loin des rochers. On traverse plusieurs bourgades assez animées : tout le commerce se passe le long de la route, cela va du mécano au boulanger, en passant par les vêtements, la viande…. Sur notre trajet, on doit s’arrêter 6 fois et chaque fois donner une fiche…. C’est un peu exagéré, et encore le contrôle douanier n’en n’a pas demandé ! On verra de nombreux camions arrêtés sur le bord de la route, en panne ; le plus drôle, celui qui a un problème de pneu et a sorti au moins 5 chambres à air (surement toutes percées !).
Samedi 27 janvier : jusqu’à Kiffa ; 146kms
La nuit fut calme, pas de visite intempestive, si ce n’est ce matin un troupeau de veaux accompagnés par deux chameaux. A 9h, comme d’habitude, nous reprenons la route de l’Espoir…. Espoir de ne pas tomber dans un nid de poule géant ! On file à allure modérée, il faut être attentifs aux chèvres, aux ânes, aux trous dans le goudron et aux camions qui viennent en face.
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