Ensuite, jusqu’à Moudjeria, la route longe de hautes dunes sur lesquelles sont implantées de coquettes maisons. Le long de la route, une multitude de troupeaux paissent, on verra même la cérémonie de l’eau, au puits. Vue de haut, la ville de Moudjeria est spéciale, avec son plan en damier. La ville est posée au bord de sable blanc. Puis le paysage ressemble de plus en plus à la savane : herbe jaunie, acacias, troupeaux se déplaçant, animaux à la queue leu leu.
L’heure tourne, il est déjà 16h30, il va être difficile d’atteindre Kiffa ce soir. A notre gauche, une belle montagne nous attire. Alors, à l’unanimité, on coupe à travers le plateau, on zigzague entre les acacias pour trouver un joli bivouac, assez bien abrité du vent.(17.27478°N, 12.31378°W)
Revenus au bivouac, nous constatons que le sable s’accumule contre les roues des véhicules, en quelques minutes nous sommes recouverts de sable. Inutile de rester là, alors on reprend la piste, pneus dégonflés à 1,5 bars; sable, ornières, troupeaux, acacias. Lorsqu’on retrouve le goudron, les chauffeurs regonflent les roues. Evidemment, une nuée de femmes et enfants nous tombe dessus. Notre amie Nicole, décide de faire une distribution d’échantillons de produits de beauté… le mot est vite passé, d’autres femmes accourent.
Enfin, après 1h30 de marche (pour seulement 2, 6kms) nous atteignons le but. Le canyon finit par un cirque au pied duquel se trouve une mare géante. Aujourd’hui, l’eau est couleur sable, des vaguelettes l’agitent. C’est là que doivent se trouver les crocodiles, malheureux êtres qui ont oublié de fuir et sont prisonniers de ce cul de sac. JN croit en voir un, moi je ne vois que des traces de pattes sur le sol humide de la plage. Le vent redouble, le sable nous cingle, nous prenons le chemin du retour.
Vendredi 26 janvier : Matmata-sur la route de l’espoir ; 170kms
Que se passe t-il lorsque la nuit est chaude et qu’il y a du vent de sable ? tout simplement, le matin, il y a du sable de partout dans la cellule ! Allez, un coup de chiffon, et cela va mieux. Dès 8h du matin, nous voici équipés : masque de ski, cache-cou devant la bouche, chaussures de marche, il faut bien tout cela pour affronter le chemin entre nous et la mare aux crocodiles. Sable mou, éboulis, rochers arrondis : on rencontre de tout.
A la sortie de cette agglomération, on s’engage dans le lit de l’oued, complètement ensablé : sable mou, ou sable ayant été mouillé et formant une croute. On a 2 points de bivouac, l’un dans le canyon, l’autre sur les falaises. On choisit celui du canyon, espérant être abrités. En tournant pour trouver le meilleur endroit, on s’ensable bien profondément, il faudra s’y prendre à 2 fois pour sortir. Il est 16h30 ! Ouf, on est installés, la visite de la guelta sera pour demain.
A 14h, nous arrivons à N’Beika, où nous bifurquons en direction de Matmata. Il ne nous reste qu’une vingtaine de kilomètres. On est tout de suite dans l’ambiance, la piste (tracée sur Osmand) est sableuse, souvent un sable mou. Elle zigzague entre les acacias, suit des clôtures, disparait, passe près des villages, avec chaque fois les enfants qui arrivent en courant. Dans une zone qui semble plus verte, cultivée, on a la surprise de croiser un troupeau de chèvres et moutons de plusieurs centaines de bêtes. Devant nous des nuées de petits oiseaux s’envolent. Mais les ornières sableuses sont profondes, on brasse du sable qui remonte jusqu’aux portières. Pour une fois, on est obligés de rouler vitres fermées. Au bout de cette piste, voici la bourgade de Dar Alsalam. Les infrastructures semblent belles (grand collège, belles maisons) mais qu’ils semblent loin de tout ! Les enfants accourent et s’amusent à s’accrocher à l’arrière de la cellule, un coup de klaxon, et ils s’enfuient pour mieux revenir.
Jeudi 25janvier : Tidjikja-Matmata ;
Ce matin, matinée maintenance au camping : Jean-Noël souffle le filtre à air, moi je nettoie tout, plus un brin de sable. Le ciel est bleu, le vent souffle modérément, alors on prend la route à 11h. a la sortie de la ville, ce n’est pas la même chose, on retrouve ce vent de Sud-Est. On passera 5 contrôles de gendarmerie, chaque fois on ouvre la fenêtre en grand, résultat, l’habitacle est à nouveau plein de sable ! Maintenant on est dans la province du Tagant, et le paysage change : rochers ronds, savane, herbe blonde, sol en petit gravier noir ou rouge sombre. Les nombreux villages traversés grouillent d’enfants : ceux en guenilles, et ceux bien habillés allant à l’école, autant de filles que de garçons. Des petits ânes paissent au bord de la route, attendent-ils leur maître parti en voiture ? Tiens, un zébu, puis 3, 4, un troupeau ! Un peu plus loin, dans le lit d’un oued, voici notre premier baobab de ce voyage.
Ah, et ce jour, les jeunes sont en liesse : hier, leur équipe nationale a battu la Tunisie, au foot. Alors une grande fête est organisée, hauts parleurs à fond ! Mais quand même, il y a des coupures à l’heure où le muezzin chante, comme tout passe par les mêmes micros, on a du mal à faire la distinction. On se prépare à passer une nuit blanche. Et bien non, à 22h, tout s’arrête : la musique, l’internet…. Un contrôle parental à l’échelle d’un pays !
L’après-midi, on part à la découverte de cette ville. On traverse l’oued ensablé, et nous voici dans la vieille ville. Murs en pierres tenus par le banko, tout s’effrite, ce sont des ruines à 90%. Les vieux enclos servent de décharge. Mais, on rencontre quand même un mauritanien parlant français heureux de nous voir, et les enfants, contrairement à quand on est en voiture, ne nous collent pas trop. On entend bien quelques « boujour, comment tu t’appelles, cadeau ». on arrive au quartier du souk. Là, de nombreuses petites boutiques s’ouvrent sur une place : plats en inox, couvertures, bouilloires, mais aussi épiceries entassant la marchandise, sacs de farine, blé, pates, riz, cartons de boissons, conserves, étagères garnies de petits produits tels les sardines, le thon, le savon….. et là au milieu des charrettes tirées par des ânes attendant la course, des femmes assises à même le sol vendant quelques produits de leur jardin. Il n’y a quand même pas grand-chose ! cette ville donnerait presque envie de pleurer tellement tout semble misérable.
Arrivés à Tidjikja, nous nous rendons à l’auberge « le caravane du désert ». Comme souvent, le lieu a été luxueux, mais semble abandonné. On est quand même heureux de se réfugier derrière ses grands murs, un peu protégés du vent. La cour est assez grande pour accueillir une dizaine de véhicules. Il y a une douche chaude, on peut laver le linge à la main, et après négociation, on peut profiter d’une salle, ce qui nous permet de manger ensembles sans avaler de sable (500 ouguya par véhicule).
Mercredi 24 janvier : Rachid-Tidjikja ; 50kms
Malheureusement, aujourd’hui, le vent a forci. Le vent soulève le sable et la visibilité est faible. Sur les 50 kms qui nous séparent de Tidjika, nous devinons des formations rocheuses, les acacias apparaissent, souvent à-demi engloutis par le sable. A l’approche de la ville, il y a un peu plus d’animation : charrettes servant à transporter du gravier qui a été récupéré sur les bords de route, voitures improbables, la palme étant pour celle chargée de bouteilles de gaz, pliée en deux derrière les sièges arrière, aux portes battant au vent.
On avait prévu de bivouaquer dans les dunes blanches, mais là, avec le vent qui vole dans tous les sens, crisse sous les dents, ce n’est pas possible. On continue jusqu’à Rachid. Dès qu’on est arrêtés, garçons et adolescents fondent sur nous, réclament des cadeaux, et comme on n’obtempère pas font des gestes pas très jolis. Mais où va-t-on dormir ? au contrôle de gendarmerie (pour une fois bienvenu), on nous indique un emplacement, hors agglomération, entre le château d’eau et les antennes téléphoniques. On est en hauteur, mais le vent est modéré, et surtout on est entourés de roches, donc pas de sable.
Et c’est reparti. La route est belle, toute neuve, on n’aura que 4 passages où l’oued a emporté un pont et où il faut passer à côté, sur un bout de piste sableuse. On verra des dunes dorées, des dunes blanches, des dunes solitaires (pourquoi s’est-elle posée là, au milieu du plateau noir ?) ou au contraire entassées. Mais aussi des plateaux caillouteux, une vallée verte, quelques cultures de maraîchages, et des villages pauvres aux cases à demi défaites, avec des voiles qui flottent au vent. On rencontrera de nombreux chameaux qui hésitent, traversent la route ou font demi-tour, on ne sait jamais. Sur ce parcours, pas de réseau téléphonique, pas de piste qui part au loin, à moins que le vent les ait effacées.
Mardi 23 janvier : Terjit-Rachid ; 280kms
Ce matin, en regardant au loin, hors de notre vallée, on voyait bien du sable en suspension, et on espérait que c’était local. Et bien non ! Toute la journée un vent d’Est a soufflé, et manque de chance c’est aujourd’hui qu’on rencontrait vraiment les dunes. Donc, à la sortie de Terjit, on prend plein sud, avec une première étape à Aoujeft pour acheter du pain et remettre quelques litres de gasoil. On traverse la rue commerçante de cette ville, du sable de partout… et des mouches ! Dans les quelques boutiques, là des femmes qui prennent le thé, à côté un homme avachi sur une natte, enfin cette vendeuse éventant ses 3 poissons à demi desséchés.
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Evidemment on s’arrête à Atar pour du ravitaillement. On est tout de suite reconnus, on s’enquière de notre voyage, est-ce que tout se passe bien ? Un petit jeune déjà rencontré il y a 3 jours nous explique que c’est normal qu’il s’accroche à nos basques, ainsi il reçoit une petite pièce des commerçants chez qui on va…. C’est l’Afrique !
Comme il est tôt, nous décidons d’explorer le quartier à pied : de la dune, on a une belle vue sur la vallée. Puis on descend dans la palmeraie, les maisons anciennes ont une forme ronde avec des ouvertures au ras du sol, leur toit est recouvert de palmes. Sur la piste de retour, on s’arrête auprès d’un monsieur qui tient un petit stand au bord de la route : ses dattes, quelques colliers en pacotille. Il est émouvant avec son grand sourire qui montre ses deux seules dents. Derrière lui, il y a un emplacement presque plat, avec plusieurs de ces « rondavels » en pierre. C’est chez lui, il a tout construit lui-même, il fait camping. Y a-t-il la douche ? oui, oui, et il nous mène dans une de ces cases sans toit et nous montre le seau avec la casserole. Les wc, c’est par là-bas derrière, la cuisine, et bien c’est sur un réchaud extérieur. Dommage, on est déjà garés ! Retour chez Jamal où on prend une douche, raisonnablement froide, bien agréable pour se dépoussiérer. Ah, et puis dans ce village, le téléphone passe, mais pas internet.
Puis direction Terjit. En passant on aperçoit la nouvelle retenue d’eau, inaugurée il y a 2 ans. On prend une petite route pour s’en approcher, on traverse un village avec de nombreux Tikits (on apprend plus tard que ce sont des abris pour femmes et enfants à la saison de la récolte des dattes car à ce moment-là, il pleut souvent). Et puis, surprise, on doit passer la rivière à gué, ça fait un lavage du dessous du véhicule.
Ensuite on reprend la route principale, 5ème contrôle de la journée. Alain en tête explique notre trajet, nous nous n’avons qu’à donner une fiche de renseignements. Puis on prend la route qui va vers le sud, le sable apparait, collé au relief. Un peu plus loin, on s’engage dans une gorge, là on trouve Terjit : des palmiers, quelques maisons et des chèvres. On a décidé de s’arrêter chez Jamal. Pour y arriver, ce n’est pas facile : passage étroit, défoncé. Et là, où va-t’on se garer ? Et bien tout simplement sur la place de retournement. Inutile de dire que les cales sont indispensables. Mais le lieu est mignon : des palmiers, une dune à proximité, des bougainvilliers, quelques moutons. Le prix semble correct, 250 ouguiya par véhicule.
Lundi 22 janvier : passe d’Amojar -Terjit ; 89kms
Que cette nuit était calme, loin des minarets et des poulaillers ! Avec un beau clair de lune pour seule lumière.
Et ce matin, encore quelques kilomètres de cette piste rouge, poussiéreuse et avec de la tôle ondulée avant d’arriver à nouveau à la passe de Nouatil. Aujourd’hui on la trouve magnifique, éclairage favorable et beau panorama au loin.