La suite du voyage se passe sur une nouvelle page
Non, nous ne sommes pas en Afrique du sud!
Donc direction Las Vegas, pour y être en semaine. Jusqu’à Ridgecrest, la route sinue entre des montagnettes, arides, caillouteuses. Dans les vallées assez verdoyantes paissent d’énormes troupeaux de bovins. Puis on sort de ces montagnes, et là c’est le désert de Mojave, plat, vaste. Y rouler est facile, la route est toute droite. Vers Johannesburg (pensée pour les amis qui sont en Afrique), quelques mines artisanales dressent leurs chevalets… sont-elles en activité ?
Nous stoppons à Barstow, au Walmart.
Dimanche 22 septembre : Lake Isabella et route jusqu’à Barstow ; 244kms
Ce matin, nous profitons du lac Isabella. Nous découvrons que ses rives sont bordées de campings et aires récréatives gérées par la National Forest, ce qui veut dire des emplacements peu onéreux, et même gratuits aujourd’hui, fin de saison oblige. Comme au camping, les gens sont venus en famille profiter de cet espace.
Il nous faut prendre une décision : irons-nous ou pas dans la Death Valley, sachant que l’on ne peut pas utiliser notre véhicule. Nous consultons les agences de location de voitures, évaluons les kilomètres à faire, le coût. Puis prenons l’avis de ceux qui l’ont faite : résultat, nous n’irons pas.
Des vignes à perte de vue!
Dans l'antre d'un séquoia mort depuis plus de 150 ans
Toujours notre ours d'hier!
Que notre véhicule semble petit devant ces grands séquoias!
On ne peut pas faire étape en cours de route : dans la zone des ranchs, les clôtures viennent à ras de la route, et plus loin, dans la forêt, tout est tellement sec, que le risque d’incendie est trop grand pour y faire une halte. C’est avec soulagement que l’on aperçoit le lac Isabella, nappe bleue entourée de pentes pelées. On s’arrête au premier camping : le Tillie Creek campground. L’espace est joli, aéré, bien aménagé (un peu cher quand même). Autour de nous, de nombreuses familles sont installées : toiles de tente, feu, repas familiaux et…. musique. Et oui, en Californie, l’ambiance est plus hispanique, cela nous rappelle l’Argentine (en moins envahissant). On est à 770m d’altitude, et la température est juste comme il faut, 25° à la nuit.
Lake Isabella ; Tillie Creek campground, 28$ la nuit
Puis nous quittons cette zone. Après des kilomètres de virages et pentes raides, nous avons perdu 2000m d’altitude et sommes dans la plaine, au milieu des plantations. Orangers, vignes, pêchers, tout est bien aligné, à perte de vue. On verra aussi du coton et du maïs…. à une échelle incroyable. Ici, les bovins sont dans des stabulations qui en concentrent des milliers sur un petit espace.
Ensuite, nous bifurquons, direction le sud de la Sierra Nevada, nous voulons rejoindre le lac Isabella. Nous empruntons la route 155. Ce n’était pas une bonne idée. Bien sur, le goudron est magnifique, les paysages vallonnés, les ranchs soignés…. mais, justement la route suit au plus près le relief, et c’est 70 kms de virages serrés, montées raides, pentes abruptes. C’est épuisant !
Samedi 21 septembre : de Sequoia NP au Lac Isabella ; 288kms
Ce matin, encore une petite visite aux géants de la forêt. A Kings Canyon, on va rendre visite au General Grant, c’est le second dans la liste des géants. Malheureusement, on ne peut pas s’approcher de lui. Les arbres qui l’entourent sont aussi impressionnants. Ce qui nous impressionne, ce matin, c’est ce Séquoia tombé depuis plus de 150 ans, complètement creux, on peut le traverser comme un tunnel. Autrefois, il a servi de maison à des bergers.
Aujourd'hui, on a vu notre ours sans le chercher et à 10 m de nous!
Cette Sierra Névada Californienne avec ses orangers à un air d' Espagne
Puis un peu plus loin, quelle n’est pas notre surprise, un ours traverse le sentier et va se cacher à demi pour manger des baies. Après quelques instants, il reprend son chemin, se laissant admirer.
Nous reprenons la direction du camping, on s’attend à une nuit plutôt fraiche : nous sommes à plus de 2000m d’altitude et l’air ne s’est pas vraiment réchauffé aujourd’hui (on a gardé la polaire toute la journée).
Sequoia NP, Dorst Creek campground, 22$ la nuit.
De passage au Giant Forest Museum, on retiendra que le feu est indispensable à la survie de cette espèce : si c’est dégagé autour, l’arbre croit plus vite et ses cônes, qui peuvent rester accrochés 20 ans, ne s’ouvrent et ne libèrent les graines que si le feu est passé par là. On trouve aussi une liste des plus grands arbres (hauteur, circonférence, volume). On a la surprise de voir que nos géants du matin ne font pas partie de ce Top 30…. Qu’est-ce que cela doit être ! Donc direction le champion de la liste : General Sherman Tree. Il faut reprendre le véhicule, puis marcher pour voir cette vedette. On trouve cet arbre au bout d’un sentier aménagé. Une barrière l’entoure, impossible de le toucher, ni de le « mesurer ». Bon, on sait qu’il mesure 11m de diamètre à la base et 84 m de haut. On apprend que c’est le plus imposant organisme vivant sur Terre. En effet, il y a des arbres plus hauts, d’autres plus gros, mais c’est celui qui a le volume de bois le plus grand : 1400 m3. On prend le retour. On aperçoit d’abord deux « Woody Wood Peakers », s’en donnant à cœur joie dans l’écorce molle d’un Séquoia (et oui, ces arbres ont une écorce à la texture très particulière, on croirait toucher un matelas avec son rembourrage).
Nous avons bien envie de voir Tunnel Log : on a tellement vu de photos de voyageurs près de cette curiosité ! Alors, on tente le coup, on fait du stop. Et ça marche. On se retrouve en pleine forêt. Des arbres gigantesques nous entourent, on sort les appareils photos, mais ce n’est pas facile : comment rendre à la fois la largeur et la hauteur de ces géants ? D’ailleurs, quelle taille et quel âge ont-ils ? Ce ne sont pas les panneaux apposés à côté qui peuvent nous en apprendre plus. Ils sont là pour nous donner des renseignements sur les soldats qui se sont illustrés pendant la guerre de Sécession et dont on a donné le nom aux arbres : Parker Group, Colonel Young…. Nous voici à Tunnel Log : dans un Séquoia tombé en travers de la route, un tunnel a été creusé. Dommage, on n’a pas notre véhicule (mais il ne serait pas passé dessous !). En retournant vers le parking, nous voyons plusieurs géants déracinés. En effet, ce sont des colosses aux petits pieds, leurs racines ne sont pas profondes, et pas très longues, il n’y a que le vent et les orages qui peuvent les abattre. Si ce n’était cela, ils seraient éternels : ils ont des défenses contre le feu (ils « goudronnent » et ne brulent pas), contre les insectes, et même, leur bois n’est pas bon en construction !
Vendredi 20 septembre ; Sequoia National Park ; 150kms
Dès la sortie de Fresno, nous traversons des plantations d’orangers (ou citronniers). Puis la route s’élève dans les contreforts de la Sierra Nevada. Le paysage a de fortes similitudes avec son homonyme espagnol : flancs roussis, secs, vallées encaissées. C’est seulement en arrivant à la porte des parcs (Sequoia et Kings canyon), que nous retrouvons la forêt. Elle est plus sèche qu’à Yosemite. Après avoir retenu une place au camping de Dorst Creek (on a eu raison, car ce soir au retour tout était plein), on continue jusqu’à Giant Forest Museum. Pour nous la route s’arrête là, interdit d’aller en direction de Moro Rock, et interdit de ressortir par Three River, car notre véhicule mesure plus de 22pieds (ce qui fait 6,70m).
Forêt calcinée et point d'ours à l'horizon!
El Capitan, paroi d'escalade de granit de 1000m avec plusieurs cordées à l'oeuvre, à mi hauteur.
Puis nous prenons la direction de Wawona, au Sud. La route sinue dans la forêt plus ou moins calcinée. Les panneaux annonçant le passage d’ours sont nombreux…. Mais aucun de ces animaux en vue.
Ensuite, ce sera des kilomètres de descente, passant de la fraîcheur des forêts d’altitude, à la chaleur des collines grillées par le soleil. Arrivés à Fresno, on trouve des cultures fruitières : vignes, pêchers…. Et, incroyable, nous ne sommes qu’à 64m d’altitude !
Ayant besoin de ravitaillement, ce sera soirée Walmart, en attendant de nous diriger sur Sequoia NP.
Walmart à Sanger (Est de Fresno)
Jeudi 19 septembre : Yosemite Valley et route jusqu’à Fresno ; 212kms
Hier au soir, nous avons profité de notre camping en pleine forêt pour faire un joli feu. Nous n’étions pas les seuls, et c’était drôle de voir toutes ces flammes !
Ce matin, après une nuit fraiche, mais pas trop (10° au lever), nous nous dirigeons vers Yosemite Valley. Dans ce lieu, surplombé par des montagnes abruptes qui font plus de 1000m de haut, on se sent tout petit. La cascade la plus majestueuse, Yosemite falls, est à sec ; ce n’est pas la bonne saison. Mais ce qui nous impressionne et nous laisse sans voix, c’est El Capitan : immense falaise granitique, 1000m de verticalité, et accrochées dessus, plusieurs cordées d’alpinistes.
On se dirige sur la route de Glacier point, espérant trouver une place au camping de Bridalveil. Nos espoirs ne sont pas déçus, il reste de nombreux emplacements dans la forêt. En milieu d’après-midi, nous atteignons le Glacier view point. De glacier, point, mais une vue impressionnante. On domine la vallée de Yosemite, entourée de hautes falaises desquelles chutes des rideaux d’eau. Mais surtout, en face de nous s’élève Half Dome, rêve pour alpinistes.Le ciel est couvert, dommage pour les photos. Après avoir bien profité de cette vue, nous rentrons nous mettre au chaud, c’est le premier jour où l’on sent le froid arriver : on sort grosses polaires et bonnets. Jean-Noël prépare un feu de camp (dans chaque emplacement, il y a un Firepit, cercle de fer prévu à cet effet).
Camping Bridalveil (2200m d’altitude), park de Yosemite, 12$ la nuit (tarif réduit, ce sont les derniers jours et les wc ne sont plus entretenus).
Au bout de cette route, nous nous arrêtons au parking de Tuolumne Grove et partons à pied voir des séquoias géants. Le trajet est un peu long, sur l’ancienne route, et tout en descente (pour y aller). Après 2 kms, voici le premier géant : l’écorce a disparu, mais il s’élève fièrement, mince bouquet de « feuillage » au sommet. Si on en croit la coupe d’arbre montrée au début du chemin, il doit avoir 2000 ans. On a lu que ces arbres sont insensibles au feu, on peut en voir des exemples : arbres aux troncs noircis, parfois même à la base creuse, mais continuant à grandir. Après avoir vu un séquoia mort dans lequel un tunnel a été creusé, nous remontons au parking. Cette fois, on change de route et de vallée. Cette zone a été touchée par des incendies, troncs noirs et cendres au sol sèment la désolation.
Mercredi 18 septembre : Yosemite Park ; 168kms
Dès la sortie du camping, nous empruntons la Tioga Road. Elle s’élève rapidement en direction des hauts sommets de la Sierra Nevada. Passé le premier col, nous voici dans un paysage de haute montagne : lacs profonds, sommets érodés, pierriers traversant la route. Dans la prairie de Tuolumne, nous avons la chance d’apercevoir 3 Mule Deer. Plus loin, nous nous arrêtons au point de vue de Olmsted. Autour de nous s’étale un paysage d’ancien glacier : dalles de grès lissées par les frottements, grosses pierres rondes roulées sur ces dalles. Tous les sommets environnants sont du même type. Hormis quelques points de vue, le trajet se passe entre des arbres aux sommets invisibles, vastes colonnes qui s’élancent vers le ciel.
En direction de Juna Lake Loop
Puis nous nous dirigeons vers June Lake Loop, jolie boucle qui fait le tour de 3 lacs et passe dans des stations de montagne. Ici le paysage nous rappelle notre Savoie, si ce n’est que les chalets sont faits avec des troncs d’arbre.
C’est une journée de repos avant d’affronter Yosemite. Nous finissons au camping Mono Vista, afin de recharger les batteries. (Mono Vista Campground, 37$ la nuit).
Mardi 17 septembre ; Mono Lake ; 104kms
Ce matin, -3° à l’extérieur et 2° dedans, mais le soleil sort et l’atmosphère se réchauffe un peu. Il faut dire que nous avons dormi à 2500m d’altitude.
On quitte notre forêt, et 40 kms plus loin, nous voici arrivés au plus beau point d’observation de Mono Lake, la zone sud. Ce lac, situé dans une région volcanique draine les eaux chargées de calcite de la région. Ces eaux ressortent en source dans ce lac, et forment des « tufas », colonnes de tuf. Normalement elles sont dans l’eau. Mais depuis les années 50, la ville de Los Angelès draine l’eau de la région, et le niveau du lac a baissé de 14m, ce qui a fait apparaitre ces « tufas ». Certains massifs sont hors de l’eau, d’autres sont près du bord et s’élancent vers le ciel, étranges formes qui se reflètent dans l’eau. C’est très beau dans la lumière matinale. De nombreux oiseaux occupent les rives de ce lac salé (2 fois la concentration de l’Océan).
De drôles de nuages, qu'annoncent-ils?
Notre camping pour ce soir
Une route et un désert à perte de vue
Station Alien près la zone 51
Ce vent se calme lorsqu’on quitte ces grandes plaines. Le relief est volcanique : collines de cendres, de lave. En entrant en Californie, on a un contrôle sanitaire. L’officier demande à voir nos fruits : ça va, ils peuvent passer.
Puis nous bifurquons sur la petite route 120, fermée en hiver. Ici, nous sommes dans une haute vallée dont la particularité est les ondulations du terrain, ondulations suivies par la route. On se croirait dans les montagnes russes !
Pour la nuit, j’ai repéré un point Ioverlander, camping dans la forêt. Pour l’atteindre, il faut emprunter une piste qui sinue entre les sapins, le lieu est perdu, situé dans une clairière.
Près de Mono Lake (Californie), Sagehen meadows campground (37.86654°N 118.86110°W)
Passé Hiko, nous empruntons la route 375, appelée Extraterrestrial Highway. Elle longe pendant plus de 100miles une base militaire ultra secrète et passe près de la zone 51. Il parait qu’ici, des voyageurs ont vu des soucoupes volantes et autres engins d’aliens. Nous, on ne verra rien. La zone est vraiment vide. Peu après, on retrouve quelques signes d’occupation humaine. Parfois un ranch se distingue par la zone verte qui l’entoure : prairies arrosées pour produire de la luzerne, quelques vaches en liberté dans cette sorte de pampa.
L’après-midi, la route continue dans les mêmes paysages. Malheureusement un vent latéral violent s’est levé. Il soulève la poussière (ce qui n’est pas très grave), mais aussi pousse le véhicule, de manière discontinue. On est obligé de ralentir fortement pour ne pas mordre le bas-côté. Les camions et trailers, imperturbables, nous doublent.
Lundi 16 septembre : de Calientes à Mono Lake ; 498kms
Ce matin, nous voici partis en direction de l’Ouest. Heureusement que nous avons mieux qu’un chariot tiré par des chevaux, car les distances sont énormes, les lignes droites interminables, les déserts à perte de vue.
Dans la fraicheur matinale, ces paysages semi-désertiques sont magnifiques. On reste sans voix devant ces étendues plates à perte de vue, anciens lacs asséchés. On passe des barres rocheuses. Sur l’une d’elle, le plateau est recouvert de drôles de plantes, de loin on ne sait si ce sont des conifères ou des cactus. Cela ressemble aux fameux Josuah Trees.